Les Silences de la Parole : L'Éveil d'Aza
- Tirage de runes
- 7 mars
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 avr.
Ce conte nous rappelle que la précipitation et les actions impulsives ne mènent pas toujours à la meilleure solution. Au contraire, c'est en prenant le temps de comprendre, de réfléchir et d'écouter avec attention que l'on trouve la véritable sagesse. Un message simple, mais profond, que nous pouvons tous apprendre à appliquer dans notre quotidien.
J'espère que cette histoire inspirera les plus jeunes à réfléchir à l'importance du calme intérieur et à l'équilibre entre l'action et l'écoute. Bonne lecture !

Les Silences de la Parole : L'Éveil d'Aza
Il était une fois, dans un village reculé, entouré de montagnes mystiques et de forêts denses, une femme nommée Aza. Elle avait toujours été considérée comme une sage parmi les siens, un être capable d'apporter des réponses profondes à ceux qui en avaient besoin. Depuis sa naissance, elle portait un pouvoir secret, un souffle mystérieux qui guidait sa vie, une rune ancienne marquée dans son esprit, sans qu'elle en comprenne toute la portée. Cette rune s'appelait Ansuz, symbole du souffle divin, de la parole, et de la sagesse, mais Aza n'en avait que peu conscience.
Aza était née dans une petite maison de bois, construite avec amour par son père, un homme d’une grande sagesse, et sa mère, guérisseuse respectée dans la région. Dès son plus jeune âge, sa mère lui enseigna les secrets des plantes et des racines, les remèdes qui guérissent les corps et les cœurs. Son père, lui, était un homme calme, doté d’une écoute profonde. Il lui disait souvent : « Les mots sont puissants, Aza, mais n’oublie jamais que l’écoute est un art tout aussi puissant. » Elle apprenait en silence, observant les gens autour d’elle, leurs gestes, leurs silences, cherchant à comprendre ce qui se cachait derrière les mots. Sa mère lui montra comment écouter les soupirs du vent et les murmures de la rivière. Son père, quant à lui, lui apprit à reconnaître ce qui n’était pas dit, à déceler les vérités cachées derrière les regards, les gestes et les non-dits.
À l’âge de dix ans, son père lui remit un petit talisman. Un pendentif gravé de symboles anciens, dont elle ne comprenait pas la signification mais qu’elle portait fièrement comme un précieux héritage. « Ce talisman, lui dit-il, t’accompagnera dans ta quête de sagesse. Mais souviens-toi bien : la véritable sagesse ne réside pas dans les paroles, mais dans l’écoute de ce qui est au-delà des mots. » La jeune Aza ne comprenait pas vraiment ces mots, elle se contentait de les accepter, comme un enfant accepte ce que ses parents lui offrent. Mais en grandissant, elle se rendit compte que ce pendentif semblait l’appeler, la guider dans ses décisions. Elle ne savait pas encore que ce talisman était bien plus qu’un simple bijou. Il était la représentation de la rune Ansuz, une force qu’elle allait découvrir bien plus tard.
Les années passèrent, et Aza devint une jeune femme brillante et avide de comprendre le monde. Elle parcourut la région, visitant des sages et des mystiques, cherchant des réponses aux grandes questions de l’existence. Lors de ces voyages, elle constata que la parole était un outil puissant. Un homme pouvait changer le destin d’un peuple par ses discours, un simple mot pouvait apporter la guérison ou détruire une vie. Elle s’efforçait de maîtriser l’art de la parole, convaincue que c’était là la clé de la sagesse. Elle croyait que ceux qui savaient s’exprimer avec clarté étaient les véritables guides de l’humanité.
Un jour, lors d’un de ses voyages, Aza se retrouva dans une vallée brumeuse. Là, elle rencontra un vieil homme solitaire, assis sous un arbre séculaire, ses yeux fermés, plongé dans une profonde méditation. Intriguée par sa présence, Aza s’approcha et lui posa une question qui la tourmentait depuis longtemps : « Quelle est la véritable nature de la sagesse ? » Le vieil homme la regarda longuement, comme s’il sondait son âme, avant de répondre : « La sagesse, jeune femme, ne réside pas dans les mots. Elle est dans l’écoute de ce qui est au-delà des mots, dans l’observation silencieuse de la nature, dans la capacité à entendre ce que le monde cherche à te dire, sans passer par les filtres de l’ego. Les mots sont comme des vagues sur l’océan, mais l’océan lui-même est calme et profond. » Ces paroles bouleversèrent Aza. Jusqu’alors, elle croyait que la sagesse venait uniquement des paroles, de la capacité à exprimer clairement ce qu’elle ressentait et pensait. Mais cette rencontre lui montra que la sagesse ne se résumait pas à des mots prononcés, mais à la capacité de comprendre ce qui ne se disait pas, à déchiffrer l’essence des choses sans avoir besoin de les verbaliser.
De retour dans son village, Aza se retrouva face à une épreuve qui allait changer sa perception du monde à jamais. Une famine frappait la région. La terre ne donnait plus de fruits, les rivières s’étaient asséchées, et le désespoir s’était installé. Les villageois, autrefois unis, se divisaient, cherchant des coupables, blâmant les dieux, la nature, et même leurs voisins. Les tensions étaient palpables. Aza, forte de ses études sur la parole et la persuasion, prit la décision de s’adresser à la foule pour calmer les esprits et apporter des solutions. Elle se tenait devant l’assemblée, prête à partager tout ce qu’elle avait appris. Ses mots étaient pleins de sagesse, d’espoir et de raisonnement. Elle parla longuement de l’importance de l’unité, de la force intérieure, et de la nécessité de garder foi en la terre et en l’humanité. Mais à mesure qu’elle parlait, elle sentit un malaise grandir autour d’elle. Les regards des villageois n’étaient plus attentifs, mais froids et distants. Aucun changement ne semblait se produire.
Elle s’arrêta en plein milieu de son discours, désemparée. C’est alors qu’elle se rappela les paroles du vieil homme : la sagesse ne réside pas dans les mots. Les villageois ne réagissaient pas à ses paroles, car ces derniers n’étaient pas en phase avec leurs émotions, leurs peurs profondes. Elle avait oublié l’essentiel : les mots ne peuvent pas guérir tout, ils doivent être accompagnés de l’écoute, de la compréhension et de la patience. Ce n’était pas par la seule force de son éloquence qu’elle parviendrait à résoudre la crise.
Aza se remémora alors une autre leçon que son père lui avait enseignée : la précipitation ne mène jamais à la sagesse. « La précipitation brise la paix intérieure et obscurcit le jugement », lui avait-il dit. Elle se rendit compte que son désir d'agir rapidement, de donner des réponses immédiates, venait d’un besoin de contrôle, mais que cette précipitation était justement l'antithèse de la sagesse. Dans sa précipitation à résoudre les problèmes du village, elle avait négligé la profondeur des émotions humaines et des défis que les villageois affrontaient. La précipitation, croyait-elle, était une solution rapide, mais elle n'était qu'une illusion de pouvoir. Les véritables solutions, disait son père, prennent du temps à mûrir, et le monde se régénère à son propre rythme. Il n’y avait pas de raccourcis vers la sagesse.
Ainsi, Aza décida de changer de tactique. Plutôt que de continuer à parler, elle se rendit au cœur du village, où les gens se rassemblaient chaque jour. Elle s’assit avec eux, sans rien dire, et les laissa exprimer leurs frustrations, leurs peurs et leurs désespoirs. Les villageois commencèrent à partager leurs souffrances, sans crainte d’être jugés. Elle les écoutait attentivement, sans interrompre, sans donner immédiatement des réponses. Elle comprit alors que la véritable sagesse était de permettre aux autres de trouver leurs propres réponses à travers l’écoute active et l’empathie. En offrant à chacun un espace pour être entendu, sans jugement ni précipitation, Aza ouvrit la voie à un véritable échange de compréhension mutuelle.
Au bout de quelques jours, quelque chose commença à changer. Les villageois se sentirent entendus, compris. L’unité se reconstruisit, non pas à travers des discours, mais par un simple acte de compréhension mutuelle. Aza se rendit compte que la famine, bien qu’une épreuve terrible, avait été aussi une opportunité de transformation. Elle comprit que la parole, bien qu’importante, devait être soigneusement mesurée. Parfois, il fallait simplement attendre, observer, et écouter avant d'agir. La précipitation, alimentée par la peur et l’incertitude, avait mené à la division, tandis que la patience et l’écoute avaient permis de rétablir l’harmonie.
Elle se rendit enfin compte que sa vie avait toujours été guidée par la rune Ansuz, sans qu’elle le sache. La parole, le souffle divin, n’étaient que des fragments de la vérité. La véritable sagesse résidait dans l’harmonie entre la parole et le silence, dans l’équilibre entre ce qui est dit et ce qui reste indicible. Chaque souffle, chaque mot avait sa place, mais c’est dans le silence entre ces deux qu’elle trouva la véritable profondeur.
Et ainsi, Aza vécut ses derniers jours en paix, ayant compris que la parole ne doit jamais dominer, mais qu’elle doit s’unir au silence, à l’écoute, à la compréhension. Dans cet équilibre résidait la véritable sagesse. Les villageois, eux aussi, avaient appris à écouter, et leur communauté, marquée par cette épreuve, en sortit plus unie, plus consciente de la profondeur des relations humaines.
La morale :
La sagesse réside dans l'équilibre entre la véritable parole et le silence, dans la patience et l'écoute attentive de ce qui n'est pas dit.
Les alertes et les réponses hâtives, guidées par l'envie de contrôler ou de résoudre immédiatement un problème, peuvent obscurcir le jugement et nuire à la compréhension profonde des situations. Parfois, il faut savoir prendre du recul, écouter avec le cœur, et permettre aux autres de trouver leurs propres solutions.
La sagesse n'est pas simplement dans l'aptitude à parler ou à instruire, mais dans la capacité à comprendre, à observer et à respecter le rythme naturel des choses. La précipitation brise l'harmonie, tandis que la réflexion et l'écoute permettent à la véritable vérité de se révéler, dans le calme et la clarté.
Retrouvez le guide complet de la rune Ansuz ici